Bonjour, je vous informe que je ne prends plus de nouveau patient.
Que serait une psychothérapie sans changer sa manière d’être au monde, sans modification des relations interpersonnelles avec le conjoint, la famille, les enfants, les amis ..., sans impact sur l’image de soi [1] et la conscience de soi ?
Je vous rassure, s’engager dans une psychothérapie ne vise pas à transformer la nature de la personne, mais bien à changer sa manière de réagir à l’environnement, ce qui revient à modifier les représentations qu’elle a de soi, des autres, de l’environnement et du monde. Il s’agit de changer ce qui provoque douleur, souffrance et inadaptation, en aucun cas de réformer la totalité des représentations, croyances, valeurs, concepts, morale et éthique … de la personne.
Dans le changement de niveau 1, la personne conserve son homéostasie, son identité, ses croyances, ses valeurs … et met en place de nouveaux comportements qui vont grandement améliorer sa santé physique et psychique : alimentation, sport, sommeil, contact avec la nature, méditation, lien aux autres … Ce niveau de changement permet d'activer et d'augmenter l'intensité de son énergie vitale (Chi).
Le changement de niveau 2 est celui qui est recherché lors d'une psychothérapie. Il implique une modification de l'homéostasie, du paradigme [2] qui régit la personne, c’est-à-dire, ses valeurs, ses croyances, le sens qu'elle donne à la vie ... Cela implique des changements de représentation de soi (identité), des autres et du monde.
Quand nous sommes prisonniers des noirceurs de l'âme, dans cet état de mal-être psychologique, affectif, émotionnel .., perdu, sans espoir, sans savoir quelle direction prendre ..., une des ressources majeures à notre disposition est d'activer notre force de vie qui se trouve dans notre corps. Bien souvent c'est la seule chose qui puisse nous guider et que nous sommes capables de faire.
L'objectif ici est de lâcher prise mentalement avec ce que nous ne pouvons pas maîtriser : séparation, divorce, maladie, licenciement ... et prendre l'initiative de s'engager à augmenter sa force de vie.
Pour cela, nous commençons par prendre soin de notre corps dans les quatre domaines décris ci-dessous.
De plus, quand nous pratiquons une activité sportive ou que nous sommes dans la nature, nous pouvons entrer en contact avec des tuteurs de résilience c'est-à-dire des personnes ou des situations qui, par leur présence, activent des sentiments positifs, nous distraient, nous égayent, nous ensoleillent et amoindrissent notre douleur, notre souffrance.
PREMIÈRE ÉTAPE : AMÉLIORER NOTRE RAPPORT À NOTRE CORPS
Manger équilibré
Pratiquer du sport
Dormir
Aller dans la nature
DEUXIÈME ÉTAPE : AMÉLIORER NOTRE RAPPORT AUX AUTRES
Quand nous sommes dans un état de profond mal-être, nous pouvons avoir tendance à nous replier sur nous-mêmes de façon trop excessive au point de perdre progressivement contact avec la famille, les amis, les humains.
L'objectif ici est d'augmenter quantitativement et qualitativement notre rapport aux autres.
Face aux adversités de la vie, les liens tissés avec les autres agissent comme un filet de protection.
Chaque personne reliée à ce filet de protection représente un noeud, un phare dans l'océan de l'existence qui permet de rester ancré à la vie.
Chaque fois que nous sommes en relation avec une personne, nous nous connectons implicitement au genre humain c'est-à-dire à la famille des humains et donc à notre nature humaine qui contient la bienveillance, la compassion ...
TROISIÉME ÉTAPE : AMÉLIORER NOTRE RAPPORT À SOI-MÊME
Quand nous avons regagné suffisamment d'énergie ou que nous possédons, cette force de vie, ce Chi, nous pouvons entamer une psychothérapie qui permet de réaliser un changement de niveau 2.
L'objectif ici est de modifier, changer notre paradigme, nos idéologies [3], valeurs, croyances, le sens que nous donnons à la vie ...
Nous travaillons sur les éléments de la personnalité qui font souffrance, qui sont inadaptés.
Ce travail psychothérapeutique implique des changements de représentation de soi-mêmes (identité), des autres et du monde.
Avec notre conscience nous plongeons dans notre paradigme afin d'identifier les éléments subconscients qui engendrent de la douleur, de la souffrance : idéologies [3], valeurs, croyances, besoins, désirs, traumatismes, schémas précoces inadaptés ...
La métaconscience permet d'observer les échanges d'informations entre la conscience et le subconscient. Elle permet également d'examiner et contempler les modifications que nous avons apportées à notre paradigme, à notre conscience.
Je vous invite à prendre connaissance des trois étapes du changement que vous traversez quand vous réalisez une psychothérapie. Elles permettent de savoir où vous vous situez dans la thérapie et de tenir bon face à vos propres pressions intrapsychiques (dialogues intérieurs, doutes, ruminations …) ainsi qu'à la coercition exercée par les autres qui n'apprécient pas vos nouvelles façons d'être dans les interactions interpersonnelles : conjugale, familiale, professionnelle ...
Il est à noter, que contrairement à la représentation commune, la connaissance d’un problème n’a aucune vertu magique de le faire disparaître. La personne ne change pas simplement parce qu’elle sait (en théorie) ce qui devrait changer ; mais parce qu’elle met en place consciemment de nouvelles façons de se comporter qui vont au contact de l’environnement, des autres… générer de nouvelles représentations de soi, des autres … et du monde.
En conséquence, il faudra que la personne se forge de nouvelles convictions par des expériences lors desquelles, elle acceptera de capter les indices pertinents qui forgent l’empathie et la théorie de ce qui se passe dans l’esprit de l’autre.
Plusieurs étapes s’imposent. La persévérance et même l’acharnement dans son entraînement à communiquer et à se comporter autrement seront décisifs, le temps que ces nouvelles façons d’être soient démontrées plus efficaces.
Nous avançons dans le changement en réalisant trois pas en avant et de temps en temps en faisant un pas en arrière. C'est un processus normal, en conséquence je vous invite à être souple et indulgent avec vous-même comme vous pourriez l'être avec votre meilleur ami, copine ...
Je vous souhaite de nombreux pas en avant :-).
1. REMISE EN QUESTION
La remise en question de notre paradigme (idéologie, croyances, valeurs, besoins, priorités ...) va ébranler le système personnel. La conversion peut être brusque ou lente. Elle entraîne une quête de nouvelles informations, une attention nouvelle à des faits et des significations jusqu'alors neutres ou ignorées.
2. NOUVELLES CERTITUDES
De nouvelles valeurs clés s'imposent. La tension intérieure augmente et s'accompagne d'anxiété due à la perte des points de repère sans être sûr des nouveaux. La coexistence des deux paradigmes de valeurs (ancien et nouveau) engendre des tiraillements lors d'incompatibilité ou d'incohérence.
3. SYSTÉMATISATION
Le nouveau paradigme se cristallise autour des nouvelles valeurs stabilisées, avec une tendance schématique et excessive, attitude combative contre le retour du doute ou les anciens principes, SPI et les Stratégies d’Adaptations Dysfonctionnelles, distorsions cognitives... Les valeurs délaissées sont systématiquement dévalorisées.
Il est à noter que les patients dont la conversion à un nouveau paradigme est rapide sont les plus acharnés à combattre leurs anciennes valeurs, croyances... Cette nouvelle posture génère une tension avec les personnes proches (conjoint, famille, amis, collègues…) qui réagissent violemment, traitant parfois de " vendu " ou d'endoctriné celui qui ose transgresser les habitudes.
Il est donc important de préparer l'entourage au changement. En effet, du point de vue des autres, votre évolution est remplacée par la révolution. L'entourage le vit mal et fait appel dans le cas des conversions rapides à des explications irrationnelles, afin de justifier ce qui est assimilé à une "maladie".
[1] L’image de soi est un sentiment qui se construit essentiellement à l’occasion des échanges relationnels, des jugements d’autrui, en particulier, et qui dicte pour une bonne part notre positionnement lors de toute expérience nouvelle. Tous nos actes, toutes nos réactions sont imprégnés par ce sentiment d’image de soi sous-jacent. Une image de soi stable résulte de la répétition des mêmes sentiments vécus lors des relations.
[2] Le paradigme en psychologie clinique, est un processus cognitif de sélection et de traitement de l’information perçue, influencé par nos schémas, traumatismes, idéologies, expériences de vie …) Ce processus, créer dans le cerveau une représentation (image de soi, des autres et du monde). Ainsi, nous ne sommes pas en contact direct avec le réel, mais avec les représentations que nous nous en faisons, qui de plus sont très personnelles.
[3] Une idéologie est un système prédéfini d'idée partagée par un groupe, à partir duquel le réel (ce qui s’impose à nous) est analysé. L’idéologie est composée de plusieurs dimensions : cognitive (dogme, croyances « c’est ainsi ») morale (jugements, valeurs « c’est bien ; c’est mal »), normative (normes « il faut ; on doit »).